« What is Charlie Hebdo ? », l’hebdomadaire satirique expliqué aux étrangers
Comment expliquer Charlie Hebdo à ceux qui n'en avaient jamais entendu parler jusqu'à ce mercredi 7 janvier ? Comment raconter à ceux qui viennent d'en découvrir l'existence, "l'esprit Charlie",
cette impertinence, portée collectivement par l'hebdomadaire, mais aussi individuellement par des caricaturistes en partie disparus, dont les albums et les dessins ont traversé la vie de nombreux Français ?
Mercredi, les médias étrangers ont aussi dû, en couvrant cette nouvelle attaque terroriste, expliquer à leurs lecteurs ce que symbolisait Charlie Hebdo et pourquoi il a été pris pour cible. Chacun a eu sa méthode.
[Précision : cette compilation est loin d'être exhaustive et porte essentiellement sur des médias anglo-saxons.]
"Irrévérencieux, vulgaire et en porte-à-faux avec toutes les religions", énumère leWashington Post.
"Athée et de gauche", poursuit le Wall Street Journal.
"Un magazine antireligieux, de gauche qui n'avait aucun scrupule à heurter qui que ce soit", ajoute la chaîne américaine NBC.
L'hebdomadaire "se faisait un malin plaisir à embrocher les figures religieuses, les hommes politiques et les célébrités", décrit encore le quotidien canadien The Globe and Mail.
"Impitoyable, sardonique, et souvent obscène", poursuit Vice, qui résume : "Charlie Hebdo se fiche pas mal des vaches sacrées".
C'est l'histoire la plus récente de l'hebdomadaire décimé qui est narrée le plus souvent dans les articles, depuis la publication des caricatures de Mahomet. Le Washington Post, évoque le choix de la justice française de ne pas condamner "Charlie" pour cette publication, à la suite de quoi "peut-être enhardi par une victoire judiciaire", l'hebdomadaire a continué à publier de manière constante des dessins sur l'islamisme radical malgré les menaces qui pesaient sur lui.
Pour les médias étrangers, Charlie Hebdo fait aussi partie intégrante d'une culture bien hexagonale. "Publier des papiers de gauche, à scandales, est une fière tradition française depuis que Marie-Antoinette a été guillotinée", s'amuse ainsi le quotidien britannique The Independant qui évoque une équipe "d'écrivains et illustrateurs libertaires de gauche, dont les dessins grossiers sont devenus la signature du journal".
"Charlie Hebdo appartient à une longue tradition de satire politique française", pour le site anglophone Vox.
"Entraîné dans d'innombrables polémiques et scandales judiciaires (...) le nom de Charlie Hebdo a fini pas être associé, en France, à la liberté d'expression, et même davantage, à la liberté de provoquer", poursuit Vice qui, citant le président du Centre de civilisation et de culture française de New York, évoque un patrimoine "qui remonte loin dans le passé jusqu'aux Lumières".
Vox met pour sa part l'accent sur le concept de laïcité, "une part très importante de la culture française, qui a aussi été décrite comme l'un des mythes fondateurs de la République française qui va bien au-delà de la séparation de l'Eglise et de l'Etat que nous avons aux Etats-Unis."
Finalement, ce sont peut-être les dessins et leurs traductions qui permettent aux médias étrangers de mieux dire ce qu'est Charlie Hebdo. Vox publie ainsi "Charlie Hebdo expliqué à travers neuf de ses Unes les plus emblématiques".
On y retrouve, comme dans de nombreux articles, les couvertures des caricatures de Mahomet (le numéro de "Charia Hebdo", la couverture "C'est dur d'être aimé par des cons" et "L'amour plus fort que la haine", mettant en scène Mahomet embrassant un homme sur la bouche).
Time magazine se contente de décrire l'une de ses couvertures récentes : "la Vierge Marie, les jambes grand écartées, donnant naissance à Jésus". L'hebdo américain se passe du dessin sans expliquer s'il s'agit d'un choix éditorial ou parce que les mots se suffisent à eux-mêmes. Le New York Times a lui aussi décidé de décrire le travail des dessinateurs de Charlie sans le publier. De nombreux autres titres ont choisi de montrer certaines caricatures mais en les floutant.
Dans une tribune publiée par El Pais, l'écrivain espagnol Javier Pérez Andujar se souvient, lui, d'un dessin de l'hebdomadaire. "A l'époque, je n'étais qu'un jeune dessinateur et Franco était de plus en plus mourant. Charlie Hebdo lui avait consacré sa Une, le dessinant dans son cercueil, en chemin vers sa tombe, avec ce titre 'Franco va mieux. Il est allé au cimetière à pied'."
Et de poursuivre : "D'une certaine manière, grâce à ces dessinateurs, grâce à ces humoristes, j'ai découvert à ce moment-là que la vraie liberté c'était le rire".
Source: www.lemonde.fr Blogs
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/01/09/what-is-charlie-hebdo-lhebdomadaire-satirique-explique-aux-etrangers/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire